TROIS ADIEUX – La Fontaine à Vigny
TROIS ADIEUX
Il avait trop de grandeur pour être envieux,trop de justice pour être exigeant,trop de tendresse pour garder rancune…
Notre liaison n’a jamais eu une ivresse ni une déception,même aux jours les plus orageux de mon existence,parce qu’il a compris mes faiblesses comme j’ai compris sa raison. Mes passions m’ont toujours laissé la justice et à lui son indulgence. Entre cette raison d’un côté et cette indulgence de l’autre,quelle place pouvait-il avoir que pour l’estime réciproque et la mutuelle amitié?
Que la France se souvienne qu’elle a perdu en lui un grand écrivain, un homme de bien,mais surtout le plus galant homme du siècle.
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Adieu,mon cher Vigny ! Vous voilà arrivé, quoique plus jeune que moi, devant Celui qui nous crée et qui nous juge,dans ce monde où toutes nos petites passions meurent avant nous, où nous ne serons appréciés ni par nos amis ni par nos ennemis, mais sur le type éternel du bien et du mal que nous aurons fait ! Vous n’avez fait que du bien ! Je vous tends la main d’ici-bas, tendez-moi la vôtre de là-haut! Il n’y a plus d’homme où vous êtes,il n’y a que l’Etre infiniment bon. Vous êtes bon, allez à lui !
La Fontaine