Un florilège de Poésies Victor Hugo
CITATION1
..Chantant des vers d’une voix étouffée;
Et ma mère, en secret observant tous mes pas,
Pleurait et souriait, disant :
c’est une fée qui lui parle,
et qu’on ne voit pas.
CITATION2
Oh ! cette double mer
du temps et de l’espace
Où le navire humain toujours
passe et repasse.
CITATION3
ô l’amour d’une mère !
amour que nul n’oublie !
CITATION4
Que vous ai-je donc fait, ô mes jeunes années,
Pour m’avoir fui si vite et vous être éloignées,
Me croyant satisfait ?
Hélas ! pour revenir m’apparaître si belles,
Quand vous ne pouvez plus me prendre sur vos ailes,
Que vous ai-je donc fait ?
CITATION5
Car la pensée est sombre ! Une pente insensible
Va du monde réel à la sphère invisible;
La spirale est profonde, et quand on y descend,
Sans cesse se prolonge et va s’élargissant,
Et pour avoir touché quelque énigme fatale,
De ce voyage obscur souvent on revient pâle.
CITATION6
Seigneur ! préservez-moi,
préservez ceux que j’aime,
..De jamais voir, Seigneur !
L’été sans fleurs vermeilles,
La ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !..
CITATION7
..J’ai plus d’un souvenir
profondément gravé,
Et l’on peut distinguer bien
des choses passées
dans ces plis de mon front
que creusent mes pensées.
CITATION8
Oui, j’étais capitaine.
Après tout, à la guerre,
Un homme, c’est de l’ombre,
et ça ne compte guère…
CITATION9
L’influence sur moi a été ineffaçable,
Ce n’est pas vainement que j’ai eu,
tout petit, de l’ombre de proscrit sur ma tête,
et que j’ai entendu la voix de celui qui devait
mourir dire ce mot de droit et de devoir : Liberté
CITATION10
Tyran, tu ne peux plus sur nous
Assouvir ta stupide rage…
CITATION11
Mon virgile à la main,
bocages verts et sombres,
..Là mon âme tranquille
et sans inquiétude,
S’ouvre avec plus d’ivresse
au charme de l’étude..
CITATION12
Des leçons du malheur
naîtront nos jours prospères.
CITATION13
Le poète ne doit avoir
qu’un modèle, la nature;
qu’un guide, la vérité.
Il ne doit pas écrire
avec ce qui a été écrit,
mais avec son âme
et avec son cœur.
CITATION14
.. Les temps ont des flots souverains;
Que rien, ni ponts hardis, ni canaux souterrains,
Jamais, excepté Dieu, rien n’arrête et ne dompte
Le peuple qui grandit ou l’océan qui monte.
CITATION15
Dans ce siècle où par l’or
les sages sont distraits,
Où l’idée est servante
auprès des intérêts.
CITATION16
Je suis fils de ce siècle !…
..
Je hais l’oppression d’une haine profonde.
Aussi, lorsque j’entends, dans quelque coin du monde,
Sous un ciel inclément, sous un roi meurtrier,
Un peuple qu’on égorge appeler et crier..
CITATION17
Il est beau , conquérant, législateur, prophète,
De marcher, dépassant les hommes de la tête :
D’être en la nuit de tous un éclatant flambeau :
Et de vos vingt ans vingt siècles se souviennent !..
CITATION18
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis !
CITATION19
Ne laissez rien partir sans adieu : que la tombe
Emporte consolés, hélas ! ceux qu’elle atteint.
Accodez un soupir à la rose qui tombe !
Accordez un regard à l’astre qui s’éteint !
..
Seigneur, prenez pitié de l’humaine clameur.
Vers vous de toutes parts, nos bras tendus se lèvent.
Apaisez ce qui vit ; consolez ce qui meurt.
CITATION20
Oh ! par pitié pour toi, fuis !
-Tu me crois peut-être
Un homme comme sont tous les autres, un être
Intelligent, qui court droit au but qu’il rêva.
Détrompe-toi. Je suis une force qui va !
Agent aveugle et sourd de mystères funèbres !
Une âme de malheur faite avec des ténèbres !
Où vais-je ? je ne sais.Mais je me sens poussé
D’un souffle impétueux, d’un destin insensé.