APRES UNE LECTURE PAR ALFRED DE MUSSET

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APRES UNE LECTURE
PAR ALFRED DE MUSSET

Ton livre est ferme et franc, brave homme, il fait aimer
Au milieu des bavards qui se font imprimer,
Des grands noms inconnus dont la
France est lassée,
Et de ce bruit honteux qui salit la pensée,
Il est doux de rêver avant de le fermer.
Ton livre, et de sentir tout son cœur s’animer.

L’avez-vous jamais lu, marquise? et toi,
Lisette?
Car ce n’est que pour vous, grande dame ou grisette,
Sexe adorable, absurde, exécrable et charmant,
Que ce pauvre badaud qu’on appelle un poète
Par tous les temps qu’il fait s’en va le nez au vent,
Toujours fier et trompé, toujours humble et rêvant.

Que nous font, je vous prie, et que pourraient nous faire, À nous autres, rimeurs, de qui la grande affaire
Est de nous consoler en arrangeant des mots,

Que nous font les sifflets, les cris ou les bravos ?
Nous chantons à tue-tête; il faut bien que la terre
Nous réponde, après tout, par quelques vains échos.

Mais quel bien fait le bruit et qu’importe la gloire?
Est-on plus ou moins mort quand on est embaumé?
Qu’importe un écolier, sachant trois mots d’histoire,
Qui tire son bonnet devant une écritoire,
Ou salue en passant un marbre inanimé? Être admiré n’est rien; l’affaire est d’être aimé.

Vive le vieux roman, vive la page heureuse
Que tourne sur la mousse une belle amoureuse 1
Vive d’un doigt coquet le livre déchiré,
Qu’arrose dans le bain le robinet doré !
Et, que tous les pédants frappent leur tête creuse,
Vive le mélodrame où
Margot a pleuré.

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