MBS Enquête sur le nouveau maître du Moyen Orient / CHESNOT&MALBRUNOT

L’assasinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, chroniqueur Washington Post, le 2 octobre 2018, provoque un effroi dans le monde et jette l’opprobre sur MBS, bien vite surnommé Mohamed Bones Saw (Mohamed scie à os) par la presse anglo-saxonne.
Les meurtres de journalistes ont toujours existé mais celui-là est hors norme : abominable dans son mode opératoire et unique dans les anales parce que décidé directement au palais royal de Riyad.
Ce matin du 2 octobre 2018, Jamal Khashoggi se rend au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul pour obtenir les documents nécessaires à la légalisation de son futur mariage avec sa fiancée turque, Hatice Cengiz, journaliste elle aussi. Un guet-apens lui a été tendu. A l’intérieur, des agents saoudiens s’emparent de lui, l’assassinent puis découpent son corps à la scie. Enfin, pour ne laisser aucune trace, ses membres sont dissous à l’acide. Mais les sicaires de MBS ignorent que les services de renseignement turc ont placé des micros dans le consulat et révèleront minute par minute la mise à mort de Jamal Khashoggi.
En 2019, une enquête de l’ONU a mis en évidence ”une coordination, des ressources et des finances gouvernementales importantes” pour la liquidation physique du journaliste saoudien.
Selon l’investigation, menée par Agnès Callamard, à l’époque rapporteure spéciale du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, des preuves ”crédibles” impliquant Mohamed ben Salmane ont été trouvées. Un rapport de la CIA de 2021 conclut que MBS avait personnellement approuvé l’opération.
A la question, ”Avez-vous ordonné le meurtre de Jamal Khashoggi ? ”, posée un an plus tard par un journaliste de CBS dans l’émission 60 Minutes, MBS répondra : ” Absolument pas. C’était un crime ignoble. Mais j’assume ma pleine responsabilité en tant que dirigeant d’Arabie saoudite, d’autant qu’il a été commis par des personnes travaillant pour le gouvernement saoudien.”
Dans un exercice de pure communication notamment pour Washington. Mais pour lui, l’essentiel est de tourner la page de cet épisode sanglant plus vite.
Parmi les quinze membres du commando dépêchés à Istanbul pour assassiner Jamal Khashoggi, cinq sont condamnés à mort et leur peine commuée en vingt ans de prison, trois autres écopent de peines d’emprisonnement allant de sept à vingt ans. Mais les cerveaux de l’opération n’ont jamais été inquiétés par la justice. ”L’assassinat de Jamel Khashoggi restera comme le péché originel de MBS”, assure un diplomate français, Joe Biden ira jusqu’à qualifier le prince héritier saoudien de ”paria”, qui ” devra payer le prix” pour le meurtre du journaliste.

MBS Enquête sur le nouveau maître du Moyen Orient / CHESNOT&MALBRUNOT

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