….L’or ce Métal maudit, prostituée commun à tous les genres humains , toi qui mets la discorde parmi la foule des nations…
” De l’or ! De l’or jaune étincelant, précieux ! Non, Dieux du ciel,
je ne suis pas un soupirant frivole…Ce peu d’or suffirait à rendre
blanc le noir, beau le laid, juste l’injuste, noble l’infâme,
jeune le vieux, vaillant le lâche…
Cet or écartera de autels vos prêtres et vos serviteurs; il
arrachera l’oreiller de dessous la tête des mourants; cet
esclave jaune garantira et rompra les serments,
bénira les maudits, fera adorer la lèpre livide, donnera aux
voleurs place, titre, hommage et louange sur le banc des
sénateurs; c’est lui qui pousse à se remarier la veuve
éploré. Celle qui ferait lever la gorge à un hôpital de plaies
hideuses, l’or l’embaume, la parfume en fait de nouveau
un jour d’avril. Allons, métal maudit, putain commun à toute
l’humanité, toi qui mets la discorde parmi la foule des nations…
O toi, doux régicide, cher agent de divorcer entre le fils et le
père , brillant profanateur du lit le plus pur hymen, vaillant
Mars, séducteur toujours jeune, frais, délicat et aimé, toi dieu
visible, et qui soudes ensemble les incompatibles et les fais
baiser, toi qui parles par toutes les bouches et dans tous les
sens, pierre de touche des cœurs, traite en rebelle
l’humanité, ton esclave, et par la vertu jettera en des
querelles qui la détruisent, afin que les bêtes aient l’empire
du monde….…
Allons poussière maudite, — prostituée à tout le genre humain,
qui mets la discorde — dans la foule des nations, je veux te rendre
— ta place dans la nature.
William Shakespeare
par la bouche de Timon d’Athènes :